L’idée d’échanger notre appartement est venue un peu par hasard. Des amis de mes parents faisaient ça depuis des années, mais j’imaginais que c’était réservé aux familles installées, propriétaires de grandes maisons. En réalité, non. On peut le faire même quand on est locataire, même jeune.

“J’ai toujours pensé que c’était un truc de retraités ou de propriétaires. Et en fait, pas du tout. C’est ouvert à tous, même à des jeunes comme nous"

Alors j’ai tenté. Je me suis inscrit sur une plateforme connue, juste pour voir. Et là, j’ai compris deux choses : oui, ça fonctionne, mais c’est galère au début. J’ai envoyé plus de 600 messages. Des dizaines de refus, beaucoup de “non désolé, pas les bonnes dates, pas le bon pays”. Mais à force, j’ai fini par tomber sur une personne de notre âge, seule, installée au Canada, qui voulait venir en France trois mois. Et surtout, elle était partante.

Avec le recul, tout s’est joué sur deux leviers simples: bien cibler la personne avec qui échanger → comment choisir la bonne personne pour échanger son appartement, et éviter quelques pièges de première fois → les erreurs à éviter lors d’un échange d’appartement.

On a commencé à échanger par messages, puis on a fait une visio. Et c’est là que tout s’est débloqué. On a visité nos appartements respectifs par caméra, on a rigolé, on a comparé nos vues. Je me souviens très bien du moment où on s’est dit “ok, c’est bon, on le fait”. Il y avait ce mélange d’excitation et de stress — un peu comme quand tu signes un bail, mais sans agent immobilier.

Elle vivait à Calgary. Honnêtement, je ne savais même pas où c’était sur la carte. Pour moi, le Canada, c’était surtout Vancouver, Toronto, Montréal. Mais Calgary, c’était… inconnu. On a regardé quelques photos, et on s’est dit pourquoi pas.

Ce qui m’a marqué, c’est à quel point tout reposait sur la confiance. On ne signe pas un contrat de location, on se confie un bout de sa vie. Elle nous a même aidés sur des trucs auxquels on n’aurait pas pensé : quand on avait besoin d’un justificatif de domicile pour une appli de partage de voiture, elle a trouvé la solution ; pour s’inscrire à la salle de sport, elle a payé l’abonnement canadien à notre place. Ce genre de détail, tu ne l’as jamais dans une location classique.

On a partagé bien plus qu’un logement. Des vélos, des bons plans, nos cercles d’amis, des messages réguliers. Et on est toujours en contact aujourd’hui. C’est ce qui rend l’échange si fort : tu crées une relation humaine, pas juste un séjour temporaire.

Partir trois mois comme ça, ça n’aurait pas été possible autrement. Financièrement déjà : payer un double loyer, c’est impensable. Mais aussi humainement : tu ne “pars” pas vraiment, tu déplaces ton quotidien ailleurs. Tu rencontres des gens, tu vis une autre version de ta vie, et tu reviens sans avoir l’impression d’avoir tout quitté.

Je trouve que l’échange, c’est quelque chose d’exceptionnel. Ce n’est pas assez connu, et c’est dommage. On a reçu beaucoup de messages de gens qui nous demandaient comment on avait fait. En réalité, ce qu’on a vécu, c’était quelque chose de local, de précieux, qu’on ne peut pas vivre autrement.

C’est une manière forte de s’imprégner de la culture locale, de comprendre comment ça marche, de rencontrer des gens, de construire une vie ailleurs, temporairement. Et le plus fou, c’est qu’à notre retour en France, on n’a pas ressenti de vide. Elle, de son côté, a vécu la même chose dans notre appart à Lyon. On est restés en contact, on continue à échanger. Bref, une expérience que je recommande à tout le monde.